Baisse du livret A : n’hésitez plus, faites du LMNP

Le faible niveau de l’inflation menace de faire plonger la rémunération du Livret A à un plancher historique de 1% début août, sauf à ce que le gouvernement et la Banque de France trouvent un terrain d’entente pour adoucir une baisse inéluctable.

Le rendement du placement préféré des Français, pour le moment fixé à 1,75%, dépend de l’évolution des prix à la consommation (hors tabac). Or, leur hausse sur un an n’était que de 0,8% le mois dernier, a annoncé jeudi l’Insee.

Ce chiffre devrait mécaniquement faire tomber le taux du Livret A à 1%, puisqu’il faut ajouter 0,25 point à l’inflation et arrondir au quart de point le plus proche pour le déterminer.

Un tel niveau serait inédit. Depuis la création en 1818 de ce qu’on appelait alors le « livret de caisse d’épargne », sa rémunération n’était jamais descendue sous 1,25%, un plancher connu entre le 1er août 2009 et le 1er août 2010.

Il n’est toutefois pas encore certain qu’une telle baisse ait lieu puisque la mise en oeuvre de la formule n’est pas automatique.

La décision revient d’abord au gouverneur de la Banque de France, Christian Noyer, qui a jusqu’à lundi pour se prononcer. S’il décide d’appliquer à la lettre la formule, sa décision s’impose. S’il souhaite y déroger, la décision est alors tranchée par le ministre de l’Economie.

M. Noyer a prévenu mercredi qu’il fonderait son choix en fonction de deux considérations: faire en sorte qu’il ait « un impact significatif sur la croissance et sur l’emploi », et qu’il assure « le maintien du pouvoir d’achat de l’épargne ».

Pouvoir d’achat ou financement de l’économie

L’avantage d’un taux bas est notamment de permettre à la Caisse des dépôts (CDC), qui centralise 65% des encours du Livret A, d’octroyer des financements pour la construction de logements sociaux à un prix attractif.

Mais le niveau de la rémunération du Livret A est aussi un sujet éminemment politique puisque la quasi-totalité des Français (96% à fin 2012) en détient un.

Le directeur général de la CDC, Jean-Pierre Jouyet, un proche du président François Hollande, a lui-même reconnu qu’un recul trop important de sa rémunération pourrait être difficilement compris.

« Politiquement, on peut considérer qu’il ne faudrait pas baisser le taux au-dessous de 1,50% », a-t-il affirmé dans un entretien au Journal du Dimanche.

Prudent, le ministre de l’Economie, Pierre Moscovici, a lui expliqué mercredi qu’il aurait le « souci de préserver le pouvoir d’achat du Livret A ».

Il a également renvoyé à fin juillet sa décision sur le sujet, à condition toutefois que le gouverneur de la Banque de France ne suive pas la formule.

Depuis janvier 2009, Christian Noyer a dérogé à plusieurs reprises à l’application stricte de la formule, la dernière fois en février. Il avait alors choisi d’abaisser le taux de 2,25% à 1,75% alors que la formule l’aurait fait passer mécaniquement 1,50%.

Il avait alors expliqué vouloir « éviter qu’un mouvement de trop grande ampleur ne soit mal compris » par les épargnants.

Si elle cristallise les attentes et les tensions, la décision concernant la fixation du taux du Livret A n’a pourtant qu’un effet limité sur les intérêts versés chaque année aux épargnants.

Fin 2012, le Livret A affichait un encours moyen de 3.796 euros par personne physique. Avec un taux à 1%, il rapporterait 37,96 euros par an. Si le taux est à 1,75%, sa rémunération augmente à 66,43 euros.

Si les conséquences d’un nouveau recul de sa rémunération sont difficiles à anticiper, la précédente baisse n’avait pas entamé la popularité de ce produit.

Sur les cinq premiers mois de l’année, la collecte nette (versements moins retraits) s’est ainsi établie à 14,88 milliards d’euros, alors qu’elle atteignait 10,42 milliards un an auparavant.

Car au-delà de sa rémunération, le Livret A reste un produit très prisé pour ses caractéristiques avantageuses, à savoir son plafond (passé de 15.300 euros à 22.950 euros au cours des derniers mois), la possibilité d’effectuer des retraits à tout moment ou encore l’absence de taxation sur les intérêts qu’il génère.

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